Doit-on accepter d’être la « caution queer » d’une programmation au nom d’un enjeu de représentation ? Jusqu’où se plier, face aux institutions qui cherchent à se donner une conscience engagée, pour espérer gagner en notoriété (et sortir de la précarité) ? Avec les avancées des luttes queers et féministes, de plus en plus d’événements sont dédiés aux enjeux lgbtq+. Mais la médaille dévoile vite son revers : les artistes ont parfois l’impression de n’être là que pour cocher une case, ou bien qu’on ne lit leur travail artistique que par le prisme de leur identité – bref, d’être un jeton, un token. Comment se positionner face à un système qui capitalise sur nos identités ? De quelle façon cette « tokenisation » impacte-t-elle la création ? Et comment échapper aux dynamiques de pureté militante et d'(auto)culpabilisation au sein même des communautés queers ?
On en discute dans cet épisode avec deux artistes : Ju Bourgain, diplômé·e des Beaux-Arts d’Aix et dont la pratique touche à la vidéo, à la poésie et à la performance ; et Anne-Sarah Huet, écrivaine et chercheuse, anciennement professeure d’économie. On y entend également l’artiste Meryam Benbachir, les organisatrices du Prix Utopie, Agathe Pinet et Myriama Idir, ainsi que la commissaire d’exposition Claire Mead.