La reconnaissance sociale et le prestige dont jouissent les artistes et les travailleur·ses de l’art est parfois paradoxale avec leur réalité, souvent précaire. En même temps, l’idée persiste que le génie artistique s’accompagne forcément d’une vie de bohème, que la création est plus authentique lorsqu’elle n’est pas guidée par une logique mercantile et carriériste. D’où vient ce mythe et cette romantisation de la précarité ? Pourquoi cette figure a-t-elle la peau dure et en quoi porte-t-elle préjudice à tout le milieu aujourd’hui ? Considérer l’artiste comme un·e travailleur·se, serait-ce lui faire perdre son aura ? Lorsqu’on opte pour un travail-passion, peut-on parler d’une précarité choisie ? Comment dépasser cet imaginaire ?
Dans ce premier épisode, on discute de ces questions avec Géraldine Miquelot, travailleuse de l’art depuis quinze ans et créatrice du blog Art Boulot, qui met à disposition des outils pour les professionnel·les, en dialogue avec le sociologue Barthélémy Bette, dont la thèse en cours de préparation a pour objet L’art contemporain au travail, enquête sur des pratiques artistiques à la frontière de deux mondes sociaux. Il est également membre du collectif La Buse. On y entend aussi l’artiste Gwendal Coulon, dont la pratique met en scène avec beaucoup d’humour sa propre condition d’artiste, ainsi que les curatrices Anne Vimeux et Élise Poitevin, co-fondatrices de la galerie associative SISSI club à Marseille.