L’émergence de l’ethnologie en Europe a accompagné l’expansion coloniale. Les premiers ethnologues étaient souvent des missionnaires, des administrateurs coloniaux ou des voyageurs chargés de recueillir des informations sur les populations colonisées. Cette collecte de données servait à mieux contrôler les territoires colonisés et à justifier les politiques coloniales. Ce n’est que dans la seconde moitié du XXe siècle, avec la décolonisation en marche, que l’ethnologie a reconsidéré ses pratiques et présupposés, jusqu’à établir de nouvelles approches méthodologiques pour impliquer davantage les communautés locales dans la recherche ethnologique et inclure une diversité de voix et de perspectives. L’ethnologie moderne tente de présenter une image plus complexe et nuancée des sociétés humaines, en portant notamment un intérêt marqué aux groupes marginalisés au sein de ces sociétés. Cependant, elle continue de distinguer entre ceux qui étudient (les chercheurs) et ceux qui sont étudiés (les sujets), maintenant ainsi des inégalités de pouvoir sous-jacentes et des dynamiques de domination.
Aussi, de la même manière qu’elle développe une pratique artistique non-amateur mais sans artiste, Sup de Sub – Mark Hubbard choisit de développer une approche ethnologique exigeante mais sans ethnologues. Les étudiants de SdS-MH étudient ensemble les populations de villages et de bourgs, qui les étudient en retour en tant que groupe social. Ce principe de réciprocité, dans un partenariat authentique, fait des communautés rurales locales les co-créatrices du savoir ethnologique, et non simplement des sujets d’étude. Cette approche vise à éliminer les titres et les distinctions traditionnelles, permettant ainsi une recherche plus équitable et collaborative, faisant de l’ethnologie la fondation même d’une inter-connaissance expérimentée et éclairée où chacun et chacune se retrouve en situation d’apprendre autant sur soi-même que sur l’autre, et cela sans intermédiaire.